Notre soirée...

En cette fin de journée, je m’affairais à la cuisine, réglant les derniers détails de cette soirée que je m’apprêtais à vivre auprès de mon Ange. Cette belle soirée que j’avais préparé depuis quelques jours déjà et qui émoustillait tous mes sens. Cela avait déjà commencé au petit matin, au saut du lit. J’avais pris une douche vite faite, enfilé un vieux jean délavé, et un gros col roulé. Novembre était bien là ! Et le froid commençait à nous mordiller. Le petit marché du coin n’allait pas tarder a étaler ses stands. Je buvais mon café sans prendre le temps de m’asseoir, ni de manger et filais, le panier à la main, retrouver mes petits commerçants habituels.

Pour le menu, j’allais lui préparer ce qu’il aimait : Des noix de St Jacques flambées au pastis, une assiette gourmande à base de magret fumé sur un nid de salade, petits carrés de foie gras disséminés, çà et là, gésiers confits, pignons de pin, tout cela arrosé d’une sauce au vinaigre balsamique et huile de noix. Et pour le gourmand qu’il est, un tiramisu en guise de douceur pour achever le tableau parfait de ce petit dîner en amoureux.

Les aiguilles de ma montre affichaient la fin de cuisson de mon pain fait maison. Mélange de farines diverses, au goût raffiné. La machine ne tarda pas à m’avertir que le temps imparti était terminé, lorsque le téléphone sonna et me fit sursauter. J’abandonnais mon torchon négligemment en courant répondre à l’appel que j’attendais :

• " Son Allô ma Belle ? " confirmait bien mes attentes. Il savait que j’aimais l’entendre prononcer ce mot." Ma Belle ". Il sortait de sa bouche avec tellement de Tendresse et d’Amour, que je fondais comme du chocolat sur une plaque chaude…Et il le savait !
• " Je range mes affaires, je prends une douche, je me change et j’arrive. Dans une heure, tu seras dans mes bras mon Amour "…J’étais émue à l’entendre. Sa voix douce était un souffle qui me caressait le lobe de l’oreille, j’en avais de légers frissons.
• " Viens vite mon Ange, je t’attends " avais-je répondu, la gorge serrée par l’émotion.

Je raccrochais et retournais à la cuisine. Mon pain était réussi. Bien gonflé, bien doré ! Je m’assurais une dernière fois que le champagne et le vin blanc seraient à bonne température. Je débouchais une bouteille d’un bon bordeaux que nous adorions et le fit décanter dans la carafe à vin.

Mes yeux se tournèrent vers l’horloge, elle affichait 18 H 20 ! Il n’arriverait pas avant une bonne heure. Il ne me restais qu’à préparer notre table et y déposer un joli chandelier. Je reculais de trois pas pour admirer l’ambiance que j’avais donné à cette table…Comme tout ceci fleurait bon l’Amour ! Je retirais mon tablier avec empressement. Mon travail était terminé, il était l’heure de penser à moi et à me préparer. Je montais les escaliers menant à notre chambre. Une chambre qui nous ressemblait. Un cocon doux, chaleureux où nous nous cachions pour nous aimer. J’ouvrais la porte de notre armoire. Mes vêtements à droite, les tiens à gauche. J’effleurais d’un doigt la manche d’une chemise, celle que je préférais et qui te va si bien. Puis, je sortais ma robe noire. Ma robe fourreau, trois quarts de manche. Celle que je gardais pour l’occasion. Je l’avais acheté en pensant à toi. Lorsque la vendeuse du magasin me l’avait présentée, j’ai su tout de suite qu’elle allait te plaire. Je l’enfilais comme une seconde peau, moulante à souhait mais pas vulgaire…Tu as horreur de la vulgarité ! Un décolleté suggestif comme tu apprécies et surtout, mon Amour, ce qui te faisait craquer : Mes jambes galbées dans des bas de soie qu’elle laissait voir. J’étalais la robe sur notre lit. Puis, je retirais de mon tiroir à lingeries, ton dernier cadeau, ta dernière folie, un magnifique ensemble en dentelle, corset et petite culotte assortie. J’imaginais déjà ton regard lorsque tes yeux se poseraient sur moi, et à cet instant, je ressentais l’élan de mon désir pour Toi monter doucement. J’étais toujours dans le rêve de notre rencontre, et je n’en sortais pas. Je priais chaque jour pour que ce rêve ne s’achève…Je ne voulais plus être réveillée…Jamais ! J’entrais dans notre salle de bain et j’étais rassurée. Tes parfums étaient toujours là. Ta brosse à dent, ton rasoir, tout me signifiait que tu étais bien là, Présent dans ma vie, un Cadeau que le ciel m’envoyait. J’étais simplement bien.

J’appuyais sur la touche play…La Norma m’accompagnait sous la douche. Je me détendais en laissant couler l’eau sur mon corps. Je gardais les yeux fermés, savourant ce bonheur de chaque jour, ce bonheur que tu m’offrais. Le liquide parfumé caressait mon corps, languissant, j’imaginais tes mains sur moi. Je sentais déjà ton souffle sur ma nuque, tes baisers sur mes épaules, tes bras m’entourant de ton Amour. Je penchais ma tête en arrière en épousant ton corps. Tes mains savonneuses me caressaient les seins avec une infinie douceur et tu murmurais dans mon oreille toutes tes envies…Tes envies de moi…Un moment de bien-être que j’aurais souhaité à toute femme…Et tu l’avais choisie. Cette femme, c’était moi, mon Amour !

…Je sortais de la douche, m’enveloppant dans un peignoir blanc, douillet. Je me séchais les cheveux en quelques minutes. Ma peau encore chaude dégageait ses parfums. Mais je me devais de t’enivrer ce soir, t’enivrer de tous les sens…J’étalais ma crème de corps au parfum praliné-chocolat, celle que tu adores. Oui … Je voulais que tu me dévores ce soir mon Ange, je te l’assure…J’entrais dans la chambre. Je retirais mon peignoir et nue devant le miroir, je commençais à m’habiller, doucement, lentement, tel que je t’imaginais me dévêtir. Le corset à dentelle que j’agraffais délicatement. Ma culotte que j’enfilais en douceur. Les portes-jartelles qui attendaient leurs bas. Je m’asseyais sur le bord du lit. J’enfilais la première jambe dans la fine matière, celle que tu aimes caresser, puis je l’accrochais délicatement, avec féminité. Je reposais ma jambe et enfilais mon premier escarpin. Je fis de même pour la seconde. Je me levais face au miroir, son reflet me plaisait beaucoup…Ce soir, je te préparais une surprise mon Amour et tu ne serais pas déçu. J’attrapais ma robe et je m’y glissais en ondulant du bassin. Je remontais la fermeture, la tenue était parfaite.

Je retournais dans la salle de bain. Petit maquillage léger, et coiffage de mes cheveux avec les doigts. Tu aimais mes cheveux et leur abondance. Les grosses boucles que tu prends entre tes doigts et que tu portes à tes narines.

Il ne me restait plus qu’à vaporiser le parfum enivrant, celui qui te chavire : " Féerie " de Van Cleef et Arpels.

Je redescendais ,apprêtée, au rez-de-chaussée. Je guettais ton arrivée par la fenêtre. Le feu dans la cheminée apportait sa touche personnelle, un romantisme dansant de toutes ses flammes. La lumière était tamisée juste ce qu’il faut pour nous sentir enveloppé. Je craquais une longue allumette et flambais les bougies.

J’entendais le moteur de la voiture. La porte qui s’ouvre, la musique qui s’éteint, la porte qui claque et tes pas….

Je reste debout au milieu du salon et je t’attends…La clef dans la serrure s’affole. Tu entres. Tu passes le couloir en criant " Ma Belle ? Ma Belle ? " Tu jettes un coup d’œil dans la cuisine où je ne suis pas. Tu m’appelles et je ne te réponds pas.

Puis, là, tu entres…

Tu entres dans la soirée que je t’ai préparée !